Colloque Institut de Défense des Etrangers

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Le deuxième colloque de l'IDE s'est déroulé ce week-end à Bordeaux. le thème de la première journée était "Les illusions véhiculées par notre politique actuelle d'immigration". La présidente de l'Institut, Christelle Jouteau a déploré la double défection de Alain Juppé et du Ministère de l'Immigration qui ont eu tous deux l'indélicatesse de ne déléguer personne pour les représenter. Seul représentant du Ministère Public, Jean-Marc Falcone, préfet délégué à la Defense et à la sécurité, a rappelé que 10 000 titres de séjours ont été accordés en 2008 en Gironde, sans étendre toutefois et sans prolonger sa présence au colloque au-delà de sa propre intervention.

Etaient présents vendredi les députés Noel Mamère, Michèle Delaunay et Etienne Pinte, député UMP des Yvelines, peu en phase avec son courant politique sur des problématiques comme l'immigration, les prisons, la double-peine...
Le sociologue François Brun, l'économiste Manon Dos Santos et le démographe Alfred Dittgen ont apporté leur éclairage sur la situation actuelle.
L'ensemble des intervenants ont déploré que l'appellation même du ministère de l'immigration entraîne un risque de confusion dans les esprits entre immigration et identité nationale. La politique menée depuis quelques années a renforcé l'idée que l'étranger est indésirable notamment ces derniers temps en privilégiant une politique du chiffre au détriment d'un traitement humaniste de l'immigration, réclamé par le parti Radical de Gauche.  M. Pinte a rappelé que quelque soit la personne immigrée nous avons à respecter sa nationalité et son désir de la conserver, ce à quoi souscrit le PRG qui a toujours soutenu que les citoyens doivent être libres de leurs choix personnels.
François Brun a évoqué les "occurences" entre la politique actuelle et celle menée sous Laval en 1932 et pendant le régime de Pétain. Le sociologue a également insisté sur le fait que lorsqu'un pays se développe, l'émigration est toujours importante. Il est donc indispensable d'avoir une réflexion constructive sur ce phénomène (et non presque exclusivement défensif) et ce pas seulement au niveau de la France mais plus largement au niveau européen.
Manon Dos Santos estime quant à elle qu'il est pertinent d'avoir un ministère de l'immigration (avis non partagé par les autres invités) compte tenu des problématiques spécifiques impliquées tout en étant critique vis à vis du fonctionnement de l'institution et de l'utilisation qui en est faite.
Selon M. Pinte le ministère de l'immigration n'apporte pas de plus value en tant que tel, puisque, en cas de problème lié à une personne immigrée, il faut intervenir auprès du ministère des affaires extérieures, celui de la justice et celui de l'intérieur.
Mme Delaunay et M. Brun ont insisté sur l'absence de réciprocité et d'équilibre au niveau des accords existants entre les pays d'où sont originaires les personnes immigrées et la France. Il est urgent en effet de repenser les coopérations Nord-Sud afin de favoriser l'autonomie des pays en voie de développement, en soutenant notamment, ainsi que le préconise le PRG, l'économie sociale et solidaire.
Les intervenants ont également évoqué la problématique de la régularisation des personnes qui travaillent et sont en situations irrégulières (oui à une régularisation massive et durable), celle des demandeurs d'asile et de l'interdiction qui leur est faite de travailler et donc l'imposibilité qu'ils ont de subvenir aux besoins de leur famille.
Evoqué également le changement de tutelle de l'OFPRA du ministère des affaires étrangères à celle du ministère de l'immigration, là encore créant une confusion détestable entre les statuts d'immigré, de réfugié et d'apatride.

Débats passionnants donc  même si par manque de temps les conditions d'accueil des immigrés n'ont pas été véritablement traitées.
Restent à inventer les conditions de partenariats solides et équilibrés entre pays d'origine et la France et surtout valorisantes pour les immigrés qui verraient alors le retour au pays comme une consécration et non comme un échec.

nadine carré-tea




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